28 juin 2009
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MON FRERE Je leur ai dit que j'allais attendre mon frère. Ils sont plongés dans une conversation sans fin, que personnellement je trouve stupide : est-il criminel, ces temps-ci, dans ce pays-ci, dans cette ambiance trouble-ci, d'être abstentionniste ? Moi, même quand je vote, de toute façon je suis abstentionniste dans mon cœur. Je mets mon bulletin dans l'urne la tête ailleurs. LA VIE ailleurs ! Ma vie, c'est Luc. Alors, extrême-gauche extrême-droite, qu'est-ce que ça fait? Mon opinion, c'est, ce sera Luc. Il pourrait être jaune, noir, rouge, trotskiste, centre mou, pol potiste, mon frère serait toujours mon frère, et moi toujours, et intensément, moi. Luc, mon âme. J'ai une famille engagée, enfin qui se croit telle (sait-elle en fait qu'elle n'est engagée que sur la voie des fantasmes ?) et qui vote au Parti toute ! De dix-huit ans à leur mort, le drapeau français qui flotte sanglant au-dessus de leur certitude généralisée. Je les aime bien, les miens, ils sont ce qu'ils sont, ce n'est pas moi qui les changerai ni qui veux les changer, enfin je les excuse. Est-ce criminel, en 1998, d'être abstentionniste ? Vaste question. Apporter la réponse changerait la face du monde, si vous leur demandiez... Luc, né d'eux comme moi ; Luc peu à mon image et pourtant tel que moi. Loin d'eux, comme moi. Reflet brouillé dans une eau qu'il vaudrait mieux ne pas boire. Luc mon pote, Luc ma naissance, Luc ma conscience. Luc mon chouchou, Luc mon frère...