COTE CINE, très vite :
Côté ciné, je n’ai pas vu de films inoubliables ce mois de juillet : “To Rome With Love”, “Je me suis fait tout petit” (j’ai découvert un bel acteur : Denis Ménochet), “L’Age de glace 4”, et “Paris-Manhattan” (où apparaît mon/notre cher Woody Allen, voir premier film ; et les critiques sont tout de même bien sévères pour ce film...). J’attends de voir “Jane Eyre”. L’Alticiné (de Montargis) m’a dit qu’ils allaient le passer malgré leur recherche incessante du public d’ados de l’été. C’est comme ça, nous ne sommes pas à Paris, il faut que je m’y fasse (“Les Carmes” d’Orléans sont à 70 km de Gien, je ne me plains pas, j’aime le calme de mon Loiret et les petites fourmis, voir ci-dessous).
DES POEMES, DES POEMES !
SOUS...
Sous les grands arbres
Sous les ombres
Sous les formes de verdure
Sous les pétales ambrées
Sous la cloche des feuilles
Sous des ongles de ciel
Sous des palmes
Sous des robes loquetées
Sous des écorces solides
Et sous des écorces fragiles
Un tout petit
Tout petit animal
Un bout de rien du tout
Un miracle
Un insecte !
Joëlle (30 juillet)
HAUTEURS
Je me souviens de La Bérarde
De la Brèche des Ecrins des levers de soleil
Des longues marches des coups de soleil
La montagne s’ouvrait
J’étais un crack !
Tu as marché dans les montagnes
Tu as nagé dans les mers froides
Tu as pédalé dans les brumes
Et pourtant sportive d’un jour
Tu rêves doucement dans les livres
Rêves langoureux et tenaces
J’ai grimpé les montagnes pourquoi
J’ai nagé
Vers quoi ?
Mais j’ai lu ça j’ai lu et je sais
Que les voyages dans les livres
Sont des Tours de la Terre
Je me souviens de La Bérarde
Et des livres lus près des lacs
J’ai dormi parfois sur les pentes des Alpes
En rêvant d’Angleterre et d’amour
Personnage en quête d’hauteur
Joëlle (31 juillet)
VOLETS
Volets rouges, volets verts
volets gris
larges ouverts
sur les murs recrépis
éclosent,
et sous un soleil de Mai
tout frais
exposent
des coins de chambres
où des meubles, l’hiver reclus,
étirent leurs membres
perclus.
Volets rouges, volets gris, volets verts
invitent les rayons clairs
où s’affolent tant de poussières
à purifier la maison tout entière.
Exorcisme
contre l’air confiné
qu’a sûri l’égoïsme
et, dans lequel, accumulés,
rôdent encore des relents de colère,
la lumière
sèche les murs humides
d’aigreurs
et fait s’évaporer l’acide
des muettes rancoeurs.
Volets gris, volets rouges
volets verts
tandis que les rais bougent
à travers
les maisons apaisées,
s’épanouissent heureux
deux à deux.
Et les douleurs passées
qui, dans le logis trop clos,
repliées
y refoulaient leurs sanglots,
dans la paix de l’air allégé
se sentent soudain fécondes
et se fondent
en clarté.
Mais le soir vient et l’ombre sur les pierres
remonte vers
les volets rouges, gris ou verts
que la lumière
abandonne à regret,
et sur leurs rêves ou leurs drames
Ils se referment, comme des âmes,
sur leurs secrets.
Claude Ardent
(Poétesse du Loiret - “au val du ciel/de Loire et par-delà...”, 1969)
ET DU COTE DES LIVRES...
Je n’ai pas pu finir “Les Corrections” de Jonathan Franzen que doit lire l’une de nos ministres cet été (Marysole Tourraine je crois), mais j’ai lu “Tendres silences” d’Angela Huth, que m’a prêté Sylvie-la-Lectrice.
“De l’amour à l’horreur” (“Tendres silences” d’Angela Huth) :
William Handle, qui est le chef d’un quartet, tombe amoureux de Bonnie, jeune et jolie violoniste qu’il embauche dans son groupe. Grace, son épouse, est fascinée par un jeune voisin, Lucien, qui lui fait des visites impromptues et qui lui fait battre le cœur (plus d’inquiétude que d’autre chose). William, bien qu’encore très attachée à sa femme, songe à l’assassiner. C’est l’histoire d’un fantasme d’amour plus que de l’amour même. Le lecteur voit William essayer d’assassiner Grace, d’abord avec amusement, puis avec de plus en plus d’angoisse. C’est amusant, puis c’est de l’humour noir, puis on bascule carrément dans l’horreur : un crime horrible surgit effectivement vers la fin du roman. Pas une seule fois dans le récit, Grace (tout occupée de ses angoisses concernant Lucien) ne s’aperçoit que son mari essaye de la tuer ! C’est le roman de la vie conjugale (de l’horreur de la vie conjugale) et de la totale incompréhension entre deux êtres qui apparemment se connaissent bien. Seuls les Anglais (les Anglaises !) savent ainsi mêler roman d’amour, roman psychologique, humour noir, roman policier, horreur... (voir “Jane Eyre” de Charlotte Brontë qui vient de sortir au cinéma, pour la 17è ou 18è adaptation !).
Angela Huth est également la romancière très douée de “l’Invitation à la vie conjugale”, que j’ai lu en 99, et que je suis en train de relire. Quand on aime, on ne compte pas...
Combien de fois ai-je lu “Jane Eyre” et “les Hauts de Hurlevent” ?